vendredi 26 avril 2013

Les prisons marocaines souffrent de surpeuplement: 1000 prisonniers de plus chaque mois


Selon le rapport de l’Observatoire Marocain des Prisons,  la population carcérale au Maroc enregistre 1000 nouveaux détenus chaque mois. A Fin septembre 2012, le nombre des détenus a atteint les 70.675 contre 64.833 en 2011. Inquiétant et dangereux.


Les prisons marocaines souffrent de plusieurs maux. Trafics de drogues, violences entre fonctionnaires et détenues, agressions entre détenus, tentatives de suicide, grèves de la faim des salafistes, accusations de corruptions par plusieurs ONG, mais  le danger qu’il faut résoudre en urgence est le surpeuplement. En effet, un rapport présenté,  début avril 2013 par l’Observatoire marocain des prisons  tire la sonnette d’alarme et prévient des conséquences désastreuses pour les prisons marocaines et les détenus qui souffrent à cause du manque de places. Aucune prison ne déroge à cette fatalité du surnombre. Les 73 centres pénitenciers que compte le pays sont pointés du doigt. Dans la batterie des chiffres avancés par l’observatoire marocain, jusqu’à fin septembre 2012, le nombre des détenus a atteint les 70.675 contre 64.833 une année auparavant. L’association estime que la population carcérale se renforce mensuellement par l’arrivée de 1000 nouvelles personnes. Et à chaque arrivée, la situation des prisons devient plus préoccupante pour les ONG marocaines et internationales qui dénoncent le laisser-aller du gouvernement marocain, à l’égard des droits les plus élémentaires des détenus. Un point de vue partagé par  Hafid Benhachem, le directeur de l’administration des centres pénitenciers, qui met le gouvernement de Abdelilah Benkirane devant ses responsabilités  en arguant que ce dernier qui n’a pas répondu favorablement à sa demande de renforcer son équipe de 1600 nouvelles recrues en 2013. Un nombre de fonctionnaire qui est à même d’alléger un tant soit peu les charges de travail qui pèsent sur les gardiens face à un nombre important de détenus.

Situation intenable

Si des centres comme Ou kacha à Casablanca sont les premiers à souffrir du surpeuplement, il faut souligner ici que l’Observatoire national des prisons affirme qu’il n’y a pas une seule prison qui réponde aux normes en termes du respect du nombre de pensionnaires qu’elle peut accueillir.
 Dans ce sens, l’OMP a procédé à un classement des centres qui connaissent un fort surpeuplement.  Le pénitencier de Marrakech arrive en tête avec 168,14% de plus de sa capacité autorisée. Une situation intenable qui dure depuis plusieurs années malgré les cris d’alerte de plusieurs ONG.  Le deuxième centre est celui de Tiznit qui affiche un taux de 121,43% alors que la troisième place est attribuée à la prison d’Ain Kadouss de Fès avec 103,20%. Promiscuité,  insalubrité, problèmes de santé sérieux, bagarres, problèmes psychiatriques, tentatives de viol, c’est le quotidien des prisonniers dans des pénitenciers remplis à bloc.  Evidemment, pour les ONG  marocaines des droits de l’Homme, il faut d’abord résoudre le problème  du surnombre  pour régler d’autres fléaux qui entachent la réputation de la prison marocaine aux yeux de la communauté internationale.

Propositions  rationnelles
Il faut ici ajouter que l’Observatoire marocain a également établi des statistiques importantes qui rendent compte de la population carcérale en termes d’âge. On apprend que 68% des détenus sont âgés entre 21 et 50 ans, 8% entre 13 et 20 ans et 6% ont dépassé la cinquantaine.
Est-ce la une fatalité ? Les prisons marocaines sont elles condamnés à afficher ce triste visage entre horreur et mauvais traitements. Pour l’observatoire marocain des prisons  il y a des solutions à prendre en ligne de compte pour résoudre ce problème très grave. D’abord, la réduction de l'année carcérale à dix mois seulement. Ensuite  penser au calcul de l'incarcération nocturne en tant que demi-journée d'emprisonnement. Adopter l’approche de la rationalisation de la détention provisoire  qui touche plus de 46% des détenus. Réduire sa durée, mettre en œuvre le contrôle judiciaire, œuvrer à abolir les peines d'emprisonnement pour certains délits dont notamment les petits et de les remplacer, comme cela est en vigueur sous d’autres cieux, par des travaux d’intérêt général pour la société. Ce sont là des propositions rationnelles, logiques qui peuvent s’avérer efficace. La question est pourquoi le gouvernement marocain ne veut pas les adopter ? Et pourquoi ces mêmes gouvernements qui se succèdent n’ont jamais  pris la juste mesure de la situation carcérale dans le pays ? Des prisons  à visage humain sont aussi un grand indicateur de la marche de la démocratie d’un Etat qui se respecte.




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