vendredi 5 avril 2013

« Mission accomplie » de Nick McDonell: La guerre, quelle saloperie


Récit. Mission accomplie est le récit du passage du jeune écrivain, Nick MacDonell, au sein de la première division de cavalerie américaine, en 2009.  Envoyé par le magazine Time sur le front irakien, l’auteur en tire  un texte puissant.  



Un écrivain dans l’apocalypse de la guerre. Ce n’est pas nouveau. Des ainés l’ont déjà fait. Mais Nick McDonell a cette particularité d’être très jeune. Seulement à 25 ans, il intègre la première division de cavalerie américaine parcourant l'Irak de Bagdad à Mossoul. Une plongée en spéléologue dans ce monde fascinant et horrible qu’est un pays en guerre. Tout passe au crible de l’écart qui sépare les soldats, les véritables acteurs de ce drame humain à ciel ouvert où seule la mort fait office de loi, et un écrivain qui observe, note tout, se concentre  sur les détails de toutes ces vies dont les trames se jouent devant lui. 
C’est cette panoplie de visages scrutés dans leurs confins qui octroient à ce récit de guerre toute son acuité. Nick McDonell se garde de porter des jugements. Même quand il relate l’amertume de ces commandants de guerre, dont le cœur s’est endurci au contact de la mort, il reste l’homme qui essaie de comprendre toutes les ramifications des sentiments humains. 
C’est la même attitude face aux interprètes, mal aimés et soupçonnés par les populations ou alors les soldats qui tentent d’en finir avec la rébellion. Ce sont des microcosmes pris dans les affres des champs de batailles. A chacun sa guerre, avec sa cohorte de non-dits. A chacun sa rédemption ou l’impossibilité d’y accéder tant le poids de l’absurde est écrasant.
Au-delà des réalités
Nick McDonell qui a déjà parlé de l’Irak dans Guerre à Harvard, où l’on se souvient de ces écrans qui diffusent à longueur de journée les combats, via des chaînes qui ont fait leur jus sur la mort comme CNN et Fox TV. On le sentait déjà, le jeune écrivain nous emmenait avec lui, au-delà des écrans, pour voir ce qui se passe de l’autre côté. 
C’est cette quête des réalités qui échappent au prisme des médias qui font de Mission accomplie un ouvrage riche, humain, sérieux sur une guerre qui n’est pas finie, qui a toujours des jours noirs devant elle, avec son lot de vies fauchées, de rêves éteints et d’espoirs avortés. Avec en prime, ce renvoi à la fameuse saillie de George W. Bush, déclarant, lors d’un célèbre discours, en 2003,  "Mission accomplie, je déclare la fin des combats militaires en Irak". 

Editions Flammarion

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire