jeudi 26 février 2015

Radioscopie des dictatures arabes

“Le gel” de Sonallah Ibrahim

Radioscopie des dictatures arabes




C’est une vieille figure de la pensée communiste en Egypte. Déjà en 1950 quand il était encore étiudiant Sonallh Ibrahim avait tout laissé tomber pour participer à la lute politique, convaincu que seule l’action pourrait changer les données dans un pays où les dès sont toujours pipes d’avance. Aujourd’hui avec son dernier roman, intitulé à juste titre: “Le gel”, il revient sur son Egypte aimée et au-delà tout un monde arabe en déshérence. D’ailleurs, on retrouve le meme referential communiste dans ce nouveau texte. Il s’agit d’un jeune Égyptien qui se prénomme Choukri. Il prépare une thèse de doctorat à Moscou, dans le grand frois, la solitude d’un pays avec lequel il partage des idées mais don’t il n’a aucune idée justement de la vraie vie.  Choukri est Boursier de son gouvernement dans le cadre des échanges culturels avec l’Union soviétique. Dans ce cadre, il réside au foyer des étudiants étrangers. Ils sont tous ou presque originaires de contrées tiers-mondistes, des pays où la dictature fait la loi, façonne la vie des gens, impose des limites aux rêves  et à l’espoir. Choukri est très vite confronté à la dureté de la vie à Moscou. Seul, face à lui-même, il rumine son désespoir et son incapacité de changer de décor, meme mental. Il est là, assis à suivre de près tout ce petit monde en voyeur faible et affaibli par les frustrations et le manqué de tout. Alors que les autres étudiants ne font que manger, boire et échanger leurs conquêtes féminines, les longues files d’attente devant les magasins, l’engouement général pour n’importe quel produit occidental de consommation, la grisaille qui domine les êtres et les choses, Choukri, lui, pnese, réflechit et tourne en rond, perdu dans un pays de gel. Malgré la rigueur du climat, Choukri finit par se dégourdir les jambs et finira par connaître les principales artères de la capital soviétiques. Il va vers les grandes institutions culturelles et les stations du métro, mais il n’arrive pas à se lier d’amitié avec personne. Du en meme tempsrant son séjour muscovite, en 1973, ce qui se passe en Égypte sous le president Anouar Sadate  vient l’accabler advantage, dans un pays  où son âme est déjà givrée.
Tout comme dans Amrikanli, cet autre grand livre de Sonallah Ibrahim, Le Gel est l’un des tout premiers récits en langue arabe à dénoncer le “socialisme réel” en Union Soviétique. Un coup de poing  assené à toute l’intelligentsia de gauche arabe qui croit encore aux chimères.


Editions Actes Sud. 180 dhs

dimanche 22 février 2015

“Les territoires de Dieu” d’Abdelhak Najib, le roman d’une époque



Note de l’éditeur
Abdelrhaffar Souiriji,  Editions Les Infréquentables 

“Les territoires de Dieu” d’Abdelhak Najib
Le roman d’une époque





Les éditions Les Infréquentables viennent de publier: «Les territoires de Dieu», le premier roman du journaliste et essaysite Abdelhak Najib. C’est un roman atypique, à la fois surprenant et marquant. Il revient sur l'histoire colorée d’une vie, sur les couleurs humaines d’un quartier, sur les méandres d’une ville, et au-delà de tout un pays, à travers plusieurs périodes, des années 70 du siècle précédent à aujourd’hui, avec un regard sans concessions sur les dérives sociales des uns et des autres, la volonté de certains de créer des univers parallèles, grâce au rêve et à la créativité et surtout le dépassement de soi, dans cette quête toujours renouvelée de l’amour, de l’amitié et du partage.   L'auteur nous embarque, grâce à un récit diversifié, avec une cohorte de visages, à travers plusieurs paysages humains qui ont peuplé cet espace-temps dont il est question dans ces territoires.  Religion, crises existentielles, découverte du corps à travers le sexe et l’érotisme, c’est un roman à la fois audacieux et irréverencieux. Un texte coloré, qui suit ses propres inclinaisons, à travers une vision du monde sinueuse, folle et très critique.
Abdelhak Najib, en fin connaisseur de sa ville Casablanca, lui, le natif de l’un des cœurs vibrants de la cité, le quartier mythique de Hay Mohammadi, revient sur une époque et retrace les existences multiples et bariolées de plusieurs figures tutélaires, puisées, pour certaines, dans la réalité de ce haut lieu de la mémoire marocaine.  Il nous raconte, dans une langue riche, parfois crue et sans compromis, un univers à la fois ouvert et insaisissable. Un monde clos qui se dérobe à tous ceux qui n’y voient que la surface, sans jamais y plonger en spéléologue pour en scruter les recoins les plus reculés. Dans une langue nerveuse, dense, ironique, avec un humour à toutes épreuves, «Les territoires de Dieu», est un roman qui signe la naissance d’un auteur confirmé.  On sent derrière chaque passage, le travail d’enquête et d’observation d’un journaliste de terrain qui maîtrise son sujet. Roman jubilatoire, parfois noir, “Les territoires de Dieu” feront date dans les annales de la nouvelle littérature marocaine d’expression française.

Les territoires de Dieu, éditions Les Infréquentables, février 2015

 180 pages. 80 dhs.